Tropisme Corrézien …

Nicolas Sarkozy est l’objet d’écoutes judiciaires depuis septembre 2013, soit depuis plus de six mois. Ces écoutes, ordonnées dans le cadre d’une (ou de plusieurs) enquête(s) préliminaire(s), ont nécessairement impliqué, a minima, les interlocuteurs téléphoniques de l’ancien Président de la République, notamment son avocat. 
Ces écoutes ont été ordonnées par des magistrats, pratiquées par des services de police judiciaire, retranscrites, puis communiquées à des autorités politiques. Les retranscriptions ont été communiquées à la Presse, et publiées. 
Monsieur Sarkozy n’a pas, à ce jour, été mis en examen. Il semble donc, au moins jusque-là, que les enquêtes, et notamment les écoutes dont il est l’objet, n’aient livré aucun autre résultat probant que la commission du délit pénal de violation du secret de l’instruction, aggravé par la publication des retranscriptions de ses écoutes dans la Presse, avec les conséquences qui en résultent pour les libertés publiques dans ce pays.


Il est établi que la culpabilité se démontre, et que l’innocence se présume. A proprement parler, à ce jour, Monsieur Sarkozy est donc innocent des fautes dont on l’accuse, alors que quelqu’un dans ce pays est coupable d’avoir révélé, et publié, ou fait publier, les retranscriptions d’écoutes judiciaires secrètes. On ne sait pas qui. Mais, normalement, on sait où chercher : Les magistrats, ou les fonctionnaires de police, ou les politiques. Dans tous les cas : Un membre des services de l’Etat, soumis en tant que tel à l’autorité du Président de la République, et agissant sous sa responsabilité. 
On comprend mieux, dès lors, pourquoi les ministres directement concernés ont si vivement nié avoir eu connaissance du dossier; avec, d’ailleurs, le succès d’estime que nous savons …


Chaque personne qui commet une faute dans ce pays doit la payer. 
On sait que Nicolas Sarkozy a obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt, et qu’il n’est pour rien dans l’affaire Karachi. On sait qu’il a payé ce qu’il devait pour le dépassement des frais de campagne, grâce à une souscription des militants de l’UMP. On sait donc qu’il n’a pas derrière lui la kyrielle de casseroles bruyantes qu’on lui attribue, et qu’on cherche à lui faire une « réputation ».
 Reste l’affaire du financement libyen allégué de sa campagne de 2007, accusation grave, renforcée par le fait qu’il se soit commis à frayer avec Khadafi, avant de l’éliminer. En observant toutefois, comme il l’affirme finement, qu’on ne voit pas pourquoi Khadafi lui-même n’a pas révélé l’affaire pour l’abattre, pendant les dix mois qui se sont écoulés entre l’ouverture des opérations militaires et sa mort …
 Il suffit de dire que si Nicolas Sarkozy a commis une faute, judiciairement établie, sur des éléments probants, il doit la payer. Comme tout le monde. Comme vous, comme moi. Et c’est à l’institution judiciaire d’établir cette faute, dans le respect des règles de notre droit. De manière probante, et suffisamment convaincante pour que chacun de nous comprenne qu’il est puni pour avoir commis une faute, et non parce qu’il s’appelle Nicolas Sarkozy…


Mais il faut également rechercher celui qui a violé le secret de l’instruction, le trouver, et lui réclamer le prix de sa faute. En lui accordant, jusqu’à son jugement, la présomption d’innocence. Evidemment.
 A ce sujet, ce sont les magistrats qui avaient, au principal, la garde du secret qui a été divulgué, et publié. Et c’est au Président de la République qu’il revient d’assurer la bonne administration de la justice, toujours rendue « au nom du peuple français » : Une extraordinaire exigence, exclusive de tout parti-pris, de toute connivence, de toute expression personnelle d’un choix politique idéologique. 
Chacun de nous, citoyen responsable, sait bien que l’écrasante majorité des magistrats de ce pays est composée d’honnêtes serviteurs de l’Etat, qui se conforment scrupuleusement à l’exigence de neutralité de leur redoutable profession. 
Chacun de nous voit bien aussi que certains d’entre eux peuvent pourtant se laisser aller à des préférences politiques, confondre corporatisme et défense de leur indépendance, voire placarder des injures publiques qui les rendent franchement indignes d’exercer la mission que le peuple leur confie …


Evoquons enfin l’aspect politique. L’époque est au « tropisme corrézien » : Par un étrange rapprochement en effet, on se souvient que Jacques Chirac avait en 2012 déclaré en riant, lors de l’une de ses dernières apparitions publiques, qu’il voterait pour François Hollande. Probablement, cette connivence tardive et contre-nature entre l’ancien Président de droite, et le futur nouveau de gauche, s’est-elle révélée du fait de la découverte d’un point commun remarquable entre ces deux politiciens : Leur extrême habileté manoeuvrière pour arracher le pouvoir des mains de leurs opposants, leur extrême incapacité à exercer le pouvoir une fois qu’ils le tiennent, et leur extrême âpreté à le conquérir à nouveau, en dépit du bon sens et de l’intérêt public…
 Après deux ans d’exercice, le Président Hollande est défait, et le Gouvernement avec lui : Il ne suffit évidemment pas d’accoler les mot « pacte » ou « choc » avec toutes sortes de qualités républicaines idéales, « simplification », « solidarité », « compétitivité », etc… pour diriger la cinquième puissance mondiale en période de crise. 
Seize pour cent d’opinions favorables après deux ans, record emblématique d’un échec inéluctable : Faute de rien pouvoir faire pour résoudre les nombreux problèmes des français, faut de maîtriser la dette, faute de tenir ses promesses intenables, le Président voit bien, et les français avec lui, qu’en toute logique politique, il a déjà perdu en 2014 toutes chances de se faire ré-élire en 2017. 
A moins que …


A moins que l’habileté politicienne ne vienne pallier les carences politiques : Le Président a, comme chacun de nous, de la mémoire, et, notamment, la mémoire des dates : Le 20 avril 2002. Vous voyez ce que je veux dire ?
 Oui, vous voyez : La seule chance du Président de faire un second mandat présidentiel, c’est d’être confronté à Marine Le Pen au second tour, pour déclencher à son profit en 2017 le même « sursaut républicain », que celui qui a offert à Jacques Chirac un second mandat présidentiel en 2002. Avec 80% des voix. Sans égard à son bilan, sans égard à la situation dans laquelle il laissait le pays.


Nicolas Sarkozy, qu’on le veuille on non, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, est le pivot de la politique française depuis dix ans, et la seule référence crédible à droite. Il est, selon toute évidence, le seul candidat de droite suffisamment incontestable pour être élu, en 2017.

Donc : Eliminer le plus vite, et le plus radicalement possible Nicolas Sarkozy du jeu politique est manifestement le meilleur et le plus sûr moyen pour le Président Hollande de se faire ré-élire en 2017, en dépit de la situation catastrophique dans laquelle il a plongé le pays par son amateurisme, au vu et au su de tous les français.


Mettons de côté la moralité du procédé : Ce jeu pourrait être efficace, si les médias continuent de se déchaîner, que certains magistrats se laissent aller à faire durer des plaisirs malsains, et que l’opinion continue d’être abusée. Mais ce jeu est incontestablement dangereux : Il dégoûte les français de la politique, jette les plus faibles dans les bras de l’extrême-droite, développe d’extraordinaires tensions dans le pays, et installe un climat délétère qui ne permet même plus de débattre, et a fortiori de débattre sereinement sur les réformes dont on ne peut pourtant plus faire l’économie.


A n’en pas douter, la multiplication des attaques médiatiques et judiciaires contre Nicolas Sarkozy, et les méthodes d’investigation dont il fait l’objet, n’ont plus rien à voir avec le droit pénal, ni avec les fautes successives qu’on lui attribue : Il s’agit manifestement d’un détournement du pouvoir judiciaire, à des fins manifestement politiciennes, sans aucun rapport avec l’intérêt public.



C’est triste.



Demain : Votez.

 
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